Pas si différentes que ça

La pluie tombait en torrent en cette fin d'après midi, les habitants se pressaient de rentrer chez eux, l'orage et ses éclairs n'allaient pas tarder à arriver. Le vent soufflait tellement fort que les arbres penchaient dangereusement, je regardais ce triste spectacle depuis la fenêtre de ma chambre.

«Moi qui avais prévu de chasser ce soir! »pensais-je.

J'avais passé l'après-midi à m'entrainer au corps à corps avec mon sac de boxe. A présent mes bras étaient ankylosés et courbaturés. Même après une bonne douche la douleur était toujours présente, je me massais à présent les biceps espérant me dénouer les muscles. Avec ce temps pourris je ne pourrais sûrement rien attraper ce soir, les loups ne sont pas fan de la pluie généralement.

Je descendis à la cave où je rangeais mon attirail de chasseuse. J'alluma la lumière. Mon arc était posé sur la tablette centrale, je passa mes longs doigts sur le métal froid, la corde était rugueuse preuve de son utilisation régulière. Les flèches étaient entreposées à côté de l'arme, mes doigts parcoururent leur longueur, le métal fin brillait sous la lumière aveuglante. Il ne m'en restait que trois! Il fallait absolument que j'aille en acheter avant la prochaine chasse.
Je regarda par la lucarne qui donnait sur la rue, l'orage avait éclaté, il tombait toujours des cordes et des éclairs puissants les accompagnaient. J'hésita un instant mais monta tout de même me changer pour aller à ma boutique d'armement de Beacon Hill.

«Ça me fera la sortie de la journée! »dis-je railleuse.

Je sortis de chez moi, le blouson sur le dos et l'arc sur les épaules. Habitant tout juste à côté du centre ville, il me fallut pas plus de 10 min pour arriver à la boutique. Les rues de la ville étaient désertes, les boutiques presque vides, je n'avais jamais vécu un moment si déprimant à Beacon Hill. Je marcha d'un pas plus rapide jusqu'à la boutique que j'entrevoyais au bout de la rue. J'y entra rapidement et claqua la porte qui tinta à mon passage. Les quelques personnes présentes me lancèrent un regard courroucé. Je leur renvoya un regard noir et me dirigea vers les arcs. Alors que j'allais me mettre à étudier les flèches devant moi, la porte tinta une nouvelle fois, une nouvelle personne entrait dans la boutique...

[ps: désolé du retard et de la qualité de ce premier post!]

Pas si différentes que ça

Dans la petite boutique une chaleur étouffante régnait, le peu d'espace augmentait l'impression que l'air se raréfiait. La buée dégoulinait sur les vitre du petit magasin d'armement. Bien que nous n'étions qu'une petite dizaine, je me sentais oppressée comme si les murs se resserraient  tout autour de moi. Je ferma les yeux, prise d'un tournis. J'avais l'impression que la pièce tournait et que j'étais son point d'ancrage. Quand j'ouvris mes yeux, le paysage était trouble, les couleurs fades. Je cligna des yeux pour faire passer mes vertiges. Cela m'arrivait rarement en dehors de mes séances d'entrainement, j'avais dû trop forcer de matin même. Je secoua lentement la tête, mes idées redevinrent claires. Je remarque un vielle homme me fixer bizarrement lorsque je releva les yeux, mais il détourna le regard rapidement. Je passa outre de ce personnage qui m'observait pendant mon court instant dans le néant. J'étais toujours appuyée contre la vitrine derrière laquelle étaient disposés les arcs.
DIING
La porte se ferma aussi brutalement qu'à mon arrivée, je ne releva pas la tête pour savoir qui était entré dans la petite boutique et qui dit d'un ton froid:

« Bonsoir. »

C'était un salut qui ne demandait pas de réponse mais qui disait plutôt : «Faites pas chier, laissez moi tranquille! ». Un coin de mes lèvres se redressa, personne de devait être aimable par ce temps. Le pauvre vendeur devait se coltiner des chasseurs bien plus chiant que ça cependant! Bien sur, il avait chasseur et chasseur. Le premier était un simple humain qui chassait pour se divertir ou pour gagner un peu d'argent en vendant quelques fourrures de renards mais le deuxième genre de chasseur était particulièrement mystérieux. Il chassait surtout la nuit ou dans des endroits que certaines qualifieraient de "carrément flippant", mais le plus important était que ce chasseur poursuivait le surnaturel. Les créatures de la nuit et autres mythes celtes. Je faisais partis de la deuxième catégorie mais je pouvais mettre ma main à couper que tous les hommes présents pensaient que je ne faisait que de l'arc au fond de mon jardin.

« Si ils savaient... »

Alors que mes pensées divaguaient une nouvelle fois je sentis un regard se poser sur moi, je me retourna lestement. Le nouvel arrivant, -où devrais-je dire La- était planté au milieu de la pièce, elle n'avait apparement pas l'habitude de fréquenter la seule boutique qui vendait des armes à Beacon Hill. Je retourna à mon observation des arcs proposés, je me décala cependant pour qu'elle puisse apercevoir le contenu de la vitrine au cas elle serait intéressée. Au bout de quelques instant mes yeux se posèrent sur des flèches en métal brillant, elles étaient fines et avaient l'air d'une solidité à toute épreuve.

« Flèche composé d'aluminium et d'aconite... »

Je n'eu pas besoin d'en lire plus pour comprendre que c'étaient des flèches de chasseur , de chasseur nocturne. Je jetta un coup d'oeil pour vérifier que personne ne devinait mon attention pour ses flèches si particulières.

Pas si différentes que ça

Je respirais lentement, mes poumons se remplissaient et de se vidaient en silence. Mes côtes se soulevaient à peine, mon regard était fixé sur un point rouge, un œil fermé et un œil ouvert. La précision était de mise dans cet exercice, le pointe coïncidait parfaitement à la tâche au loin. Je tremblais légèrement, ce coup était le plus important, le plus difficile. Expirant un bon coup je me coupa ensuite la respiration. J'effectua une dernière vérification et lâcha la bête . La flèche traversa la longue distance en un centième de seconde, sifflant dans l'air frais du matin. Le métal transperça la cible au loin, la flèche traversa même la cible de paille tellement j'avais tendu la corde de mon arc.

« J'avais réussis mon coup! »

Un plaisir intense me parcourut. Je vis le regard fier de mon père à quelques pas de moi, je pétillais moi même de joie. J'avais réussis tous les tests que mon père m'avait imposé pour savoir si je savais et pouvais me défendre avec un arc, et ce dernier lancé venait de confirmer tous les précédents pleins-centre. Du haut de ses deux mètres mon père s'approcha, un minuscule sourire aux lèvres, il me tapa vigoureusement dans le dos, comme il l'aurait fait à un garçon. Il cachait quelque chose derrière son dos, de sa main droite il tenait un objet qu'il voulait me cacher pour le moment. Mais ce moment ne dura pas tellement longtemps car il me tendit un paquet blanc qui était derrière ses larges épaules un instant plus tôt. Je déchira avidement le paquet, sous tout ce papier de soie se tenait un bel arc en bois. Mon premier arc en bois!

Ce souvenir me fit légèrement sourire du fond de la petite boutique où je me trouvais à présent. J'avais reçu mon premier arc à un âge assez bas, mon père ne voulait que je l'utilise qu'avec lui pour comprendre ses utilités et ses dangers. Je comprenais à présent son attention particulière porté à cette arme. En effet, je savais à présent qu'elle pouvait tuer toute sorte de créature, surnaturelle ou non. Elle pouvait transpercer d'une traite la chair chaude et retirer une vie en quelques secondes. Je faisais toujours attention lorsque je tenais mon arc entre les mains, ses flèches aiguisées me laissaient toujours craintives. Je n'aurais voulus pour rien au monde me retrouver de l'autre côté de l'arc, menacée par un chasseur enragé.

Alors que j'admirais à présent un poignard -une fois de plus composé d'aconite-, la jeune femme qui était entrée il y quelques minutes dans le magasin d'armement se rapprocha de moi ou plutôt de la vitrine devant laquelle je me tenais. Je n'eu pas le temps de lâcher l'objet que je tenais dans les mains pour qu'elle ne se doute de rien mais je vis déjà un coin de ses lèvres se redresser.

« Qu'a-t-elle comprise en me voyant avec ce poignard contre les bêtes nocturnes? »

« Tu sais de quoi il s'agit ? » dit-elle avant que je ne puisse réfléchir à ma question

Je rigola discrètement. Bizarrement je trouvais cette femme énervante, j'avais pris son ton comme dédaigneux et hautain. Comme si elle pouvait se douter que je ne prenais pas ces armes comme des babioles mais comme ce qu'elles étaient en vérité : mortelles. Cependant, je la vis prendre entre ses doigts -bien que maladroits-, les flèches sur lesquelles je louchais quelques minutes au paravant. En me regardant cette fois ci, elle continua:


« Tu n'es pas le genre de chasseuse qui chasse bambi n'est-ce pas ?

- C'est un poignard à double tranchant capable de trancher la gorge de n'importe quoi ou n'importe qui au corps à corps. Et non, je ne chasse pas comme dans les Walt Disney mais plutôt comme dans des films d'horreurs, si tu vois le genre. »

Bien sûr qu'elle voyait ce que je voulais insinuer. La femme à côté de moi était elle aussi une chasseuse, ou du moins elle était au courant pour les loups-garous qui rodaient dans les environs. Cela m'étonnais de rencontrer une autre femme capable de se défendre contre ce genre de bête mais ce qui m'étonnais plus était le fait qu'elle ne semblait pas à l'aise avec les flèches acérées qu'elle tenait dans la main.

« Qu'elle arme utilises-tu? Fusils à pompe, sniper, ou sabre peut être? » lui demandais-je